Narcisse et l'EgoArt
Narcisse et l’Ego Art
Nous connaissons tous le mythe de Narcisse, ce beau jeune homme amoureux de lui-même, et se noyant dans sa propre contemplation.
Cette vision largement répandue, en particulier dans la vulgate de la psychanalyse, doit être précisée et commentée. Il existe au moins deux façons de raconter ce mythe des Grecs Anciens.
Commençons par la version la plus connue, qui est la plus récente.
Narcisse est un beau jeune homme. Il reçoit de nombreux hommages, aussi bien de femmes que d’hommes. Toutes et tous sont prêts à l’aimer, mais il repousse toutes leurs avances. Il préfère se regarder dans l’eau des sources, car à toutes ses amoureuses et amoureux, il préfère sa propre image. Il aime tellement à se contempler qu’une déesse, prise de pitié, le transforme en fleur d’eau, la narcisse. Qu’en est-il pour l’Ego Art ? Nous avons tous l’habitude de nous voir dans un miroir, que nous aimions notre image ou que nous ne l’aimions pas. Ceux qui auront un miroir d’Ego Art gravé à leur image pourront, comme Narcisse, se regarder dans les yeux. S’ils s’aiment, ils pourront se contempler à loisir. S’ils ne s’aiment pas, ils pourront chercher à se surprendre, à s’espionner, à se fuir du regard, à se regarder en coin, ou par surprise, ou … Beaucoup de tactiques seront à inventer pour vous voir, pour vous surprendre, sans vous déplaire.
Il existe une deuxième version du mythe, la version ancienne, celle du temps où les miroirs n’existaient pas encore. Narcisse, ici aussi, était un très beau jeune homme. Comme il n’avait pas de miroir, il ne s’était jamais vu. Il savait qu’il était beau parce que les autres le lui disaient. Car beaucoup de femmes et d’hommes le courtisaient. Mais lui n’arrivait pas à les aimer. Il attendait de trouver la personne dont il tomberait amoureux. Un jour, fatigué de chasser dans une forêt, il s’arrêta près d’une source pour se désaltérer. Et là, se penchant sur l’eau pour boire, il vit un si beau jeune homme qu’il en tomba aussitôt amoureux. Rappelons qu’il ne savait pas que c’était son image. Il resta fasciné par cette personne qui, dans l’eau, le regardait avec le même air amoureux avec lequel il la regardait. Il l’appela, lui dit de sortir de l’eau et de venir le rejoindre. Devant le refus de son image de quitter le fond de l’eau, il voulut la saisir. Mais l’image semblait se brouiller et vouloir disparaître. Se penchant encore plus, il tomba dans l’eau et se noya, incapable qu’il était de se détacher de l’être aimé. Peut-il en être de même avec un miroir d’Ego Art ? J’oserai dire que oui, si, vous regardant dans votre image gravée, vous arrivez, ne serait-ce qu’une seconde, à vous regarder dans les yeux, et connaître cette illusion exceptionnelle de vous confondre avec votre image. Je témoigne que cette merveilleuse illusion existe, très fugace certes, mais très émouvante. Comme Narcisse, vous pourrez arriver à vous découvrir en fusion avec vous-même, la vision extérieure de vous-même et la vision intérieure, enfin réunifiées, la durée d’un mirage.
Mais aussi, tel Narcisse ignorant que c’était lui qu’il aimait, vous pourrez vous regarder dans l’image d’une personne, ou peinture, ou sculpture, que vous aimez. Et vous vous verrez tel que vous aimeriez être, ou être regardé.
Sans tomber dans l’eau. Mais en acceptant de tomber dans le panneau.
Article rédigé par Jean Antoine Corbalan